Compte rendu – Réunion du comité d’experts escalade du 30 juin 2025 – Parc national des Calanques
1 – Contexte et origine du comité
Le comité d’experts escalade du Parc national des Calanques est né d’un désaccord profond autour de la prise d’arrêtés d’interdiction, initiés sans concertation préalable ni justification scientifique avérée. Ce cadre conflictuel semble désormais en voie d’apaisement, grâce au retour d’une gestion plus concertée et territorialisée portée par la direction, les chefs de secteur et les chargés de mission du parc.
2 – Avancées et points d’accord
La réunion du 30 juin a permis de confirmer plusieurs points :
– La nécessité d’ajuster les périodes de quiétude à des périmètres précis, en fonction des espèces effectivement présentes et des dynamiques observées.
– Le constat par les agents du PNC d’une progression continue de la population d’oiseaux nicheurs depuis plusieurs années.
– L’importance de continuer à croiser expertises naturalistes et connaissance fine du terrain portée par les chefs de secteur, chargés de mission et les pratiquants.
3 – Position sur les discours alarmistes
Certaines présentations continuent à entretenir un discours alarmiste : évoquant une baisse des effectifs, des échecs de nidification ou la menace juridique du «dérangement d’espèces protégées». Ces affirmations ne correspondent ni aux observations de terrain dans les Calanques, ni au respect global des interdictions par les grimpeurs. Dans un contexte local marqué par d’importantes pollutions urbaines (effluents en cœur de parc, non traités à ce jour), il serait plus utile de hiérarchiser les pressions environnementales avec honnêteté.
4 – Rôle du comité d’experts escalade
Ce comité est un espace de concertation, d’expertise et, le cas échéant, de négociation. Il œuvre à la co-construction de la politique du Parc en matière d’escalade, dans un esprit de responsabilité partagée : protection des milieux, reconnaissance des activités patrimoniales comme l’escalade, et implication des pratiquants comme acteurs de terrain.
5 – Point de divergence sur la notion de « troc de secteur »
Le principe évoqué par la direction du PNC d’un « échange » entre déséquipement d’un secteur existant et autorisation d’un autre est fermement refusé. Nous y voyons :
– Une dérive vers une logique opportuniste, au détriment de fondements scientifiques ;
– Une perte de légitimité du cadre réglementaire ;
– Un précédent dangereux pour l’avenir des sites historiques ;
– Une mise en dépendance des grimpeurs, réduits à quémander un droit d’accès ;
– Une fracture entre pratiquants, sur fond de légitimation arbitraire.
Les premiers retours d’une enquête auprès des équipeurs historiques montrent un refus unanime de cette logique de « troc ».
6 – Cas du secteur Fight Club
À noter : le secteur de Fight Club n’a une nouvelle fois pas été abordé lors de la réunion, malgré les demandes répétées de certains membres du comité. Ce silence interroge sur la volonté réelle d’aborder de manière constructive les secteurs en tension.
7 – Refus d’équipements nouveaux : conséquences préoccupantes
Le refus systématique d’autoriser de nouveaux équipements conduit à un climat de défiance. Certains grimpeurs, faute d’espace d’expression et de reconnaissance, prennent l’initiative d’ouvrir ou de rééquiper sans concertation.
Cette dérive n’est souhaitée par personne, mais elle est le symptôme direct d’un dialogue bridé. Il est urgent de sortir de cette logique de blocage pour éviter une perte de contrôle sur le terrain.
8 – Médiation et animation
Gaëlle, médiatrice / animatrice du comité, a su garantir une qualité d’écoute et une méthodologie de travail appréciables. Nous lui avons néanmoins rappelé que la neutralité – condition sine qua non d’une médiation d’environnement ou de conflit – avait été fragilisée lors de la précédente réunion, avec une présentation à charge contre les grimpeurs. Nous restons toutefois reconnaissants pour la qualité de son travail de facilitation.
9 – Demandes toujours en attente
Nous renouvelons notre demande d’accès à deux éléments fondamentaux :
– L’inventaire exhaustif des voies et secteurs d’escalade ;
– Le pourcentage des falaises non équipées ou non grimpées, issu de l’étude 3D récemment conduite par le PNC.
Ces données permettraient de confirmer que de vastes zones de quiétude restent accessibles aux espèces sensibles. Et si certains oiseaux nichent dans des zones très fréquentées, comme Rumpe Cuou, cela mérite d’être considéré avec ouverture : leur tolérance à la présence humaine semble bien réelle.
10 – Réduction quantitative des voies : une approche inacceptable
Nous avons clairement exprimé notre refus de voir se banaliser une logique de communication du Parc qui consiste à réduire l’enjeu des interdictions à une simple proportion numérique : « 100 voies sur 5 000, ce n’est rien ».
Ce type d’argument dévalorise profondément les secteurs concernés, en particulier des sites emblématiques et patrimoniaux, choisis non pour leur quantité mais pour leur valeur historique, symbolique, émotionnelle et technique.
Nous avons rappelé que compter des voies comme on compterait des arbres ou des oiseaux abattus est une approche qui nie l’attachement des grimpeurs, la mémoire collective, et la qualité même de l’activité.
C’est une logique froide, statistique, que nous ne souhaitons plus entendre dans les échanges à venir.
André BERNARD – Bureau des Guides Calanques Cassis Cap Canaille